- CARTER (J.)
- CARTER (J.)CARTER JIMMY (1924- )Ancien officier de marine sur les sous-marins atomiques, Jimmy Carter rentre à vingt-neuf ans à Plains (Georgie) pour y prendre la succession de son père. Le métier de planteur de cacahuète, quels qu’en soient les charmes, vantés par Carter lui-même, n’est pas assez exaltant pour cet homme fort ambitieux: il se lance dans la politique locale, comme démocrate, ce qui est la règle presque exclusive dans le Sud. Au niveau, d’abord, du district scolaire, puis du Sénat de Georgie, où il siégera de 1962 à 1966. Pour ce que l’on peut en savoir (10 p. 100 seulement des votes étaient alors enregistrés à Atlanta), il s’y montre conservateur en matière fiscale et libéral sur les problèmes sociaux. Après un échec en 1966, il se représente au poste de gouverneur de Georgie en 1970. Il est élu, non sans quelque difficulté, contre un adversaire plus libéral que lui. Mais son discours d’inauguration constitue une surprise pour ceux de ses électeurs qui l’avaient cru raciste. Il déclare en effet: «Je dois vous dire franchement que le temps de la discrimination est terminé», et sa déclaration est suivie de la nomination de Noirs à des postes de responsabilité au niveau étatique. Ces décisions lui valent une publicité nationale: il devient l’un des symboles du «Nouveau Sud».En 1974, en tant que président de la commission démocrate pour les élections législatives, il voyage à travers tout le pays et prend contact avec de nombreux responsables démocrates. Ainsi, lorsqu’il déclare officiellement sa candidature à la présidence des États-Unis, il est inconnu de la plus grande partie de l’électorat américain — mais point de l’appareil du parti républicain ni de celui du parti démocrate. Ce dernier, comme les autres composantes du parti (les syndicats, notamment, et l’électorat noir), se ralliera à sa candidature, avec un enthousiasme parfois mitigé, il est vrai. Électorat noir, syndicats, éléments sudistes et appareil démocrate auront d’ailleurs un rôle beaucoup plus déterminant que ne l’eût souhaité Carter dans une victoire acquise d’extrême justesse. Le 2 novembre 1976, il est élu trente-neuvième président des États-Unis, avec 51 p. 100 des suffrages exprimés, face au président sortant Gerald Ford, qui en recueille 48 p. 100. Le taux d’abstention particulièrement élevé (45 p. 100) est significatif du scepticisme d’une bonne partie de l’électorat américain à l’égard d’un système politique dont le fonctionnement semble parfois bien loin de l’idéal inculqué à l’école.Jimmy Carter n’a été élu qu’envers et contre tous les appareils politiques. Bien qu’ayant fait campagne contre l’establishment, il a su largement puiser dans ce réservoir de personnalités formées de longue date aux dédales de la politique américaine. En effet, le cercle de ses adjoints à la Maison-Blanche étant pour l’essentiel composé de Georgiens qui travaillent avec lui depuis de longues années et en qui il a pleine confiance, Jimmy Carter a éprouvé le besoin de compenser leur inexpérience en matière de problèmes nationaux, en particulier en politique étrangère, par la nomination d’hommes ayant déjà eu des responsabilités gouvernementales. Ses choix ont parfois été critiqués parce que les «revenants» des équipes Kennedy et Johnson n’ont que très tardivement dénoncé l’intervention américaine au Vietnam et sont par trop liés à la Commission trilatérale, aux grandes entreprises et institutions financières et aux cabinets d’avocats les plus huppés.Le président Carter avait déclaré, lors de la campagne électorale, qu’il accorderait la priorité à la réorganisation gouvernementale et aux affaires intérieures. Mais c’est principalement la politique étrangère qui monopolise son attention. En août 1978, Jimmy Carter invite le président égyptien Anouar al-Sadate (à la suite de la visite de celui-ci à Jérusalem en novembre 1977) et le Premier ministre israélien Menahem Begin. Les accords de Camp David (du nom de la résidence des présidents des États-Unis dans le Maryland où eurent lieu les négociations) sont paraphés le 17 septembre par les trois hommes. Le traité de paix israélo-égyptien reste le grand succès de politique étrangère de Jimmy Carter. En juin 1979, en dépit de ses divergences de vue avec Leonid Brejnev concernant les grandes crises du globe, il signe avec lui le traité S.A.L.T.-II sur la limitation des armements stratégiques. De novembre 1979 à janvier 1981, il négocie la libération des otages de l’ambassade des États-Unis à Téhéran, mais c’est son successeur, Ronald Reagan, qui en recueillera les bénéfices puisque la libération intervient quelques instants après l’entrée en fonctions de ce dernier.La dégradation de la situation économique (hausse du chômage et de l’inflation et forte chute du dollar) entraîne une baisse de popularité de Jimmy Carter. Lors de l’élection présidentielle de novembre 1980, il n’obtient que 41 p. 100 des voix contre 51 p. 100 pour Ronald Reagan. Depuis son départ de la Maison-Blanche, Jimmy Carter œuvre pour la paix et les droits de l’homme à travers le monde (médiations entre le gouvernement éthiopien et les rebelles tigréens en 1989, entre les deux Corées en juin 1994, avec la junte haïtienne en septembre 1994; missions d’observation des élections en Amérique centrale).
Encyclopédie Universelle. 2012.